Lors de mon dernier édito, j’ai mentionné qu’un texte n’était pas suffisant pour couvrir les deux projets vedettes du programme de modernisation de la collecte sélective. Parlons aujourd’hui de cette deuxième portion : la consigne. Le mot « encore » résonne en boucle dans ma tête. Je fais partie de la famille Tricentris depuis bientôt 12 ans et le débat entourant la consigne revient de façon intermittente depuis aussi longtemps que je me souvienne.
Dans la plus récente mouture du projet, le gouvernement projette d’élargir le système de consigne afin d’y intégrer une plus grande variété de contenants et de bouteilles. Plus précisément, tous les contenants de boissons prêtes à boire de 100 ml à 2 l. Cela veut donc dire que mon carton de lait, ma bouteille d’eau ou de vin ou encore, mon yogourt à boire seront consignés et seront chacun taxés de 0,10$ (ou plus) supplémentaires au bas de la facture.
Mais pourquoi? J’aimerais utiliser ici tous les adjectifs colorés du capitaine Haddock… Tous ces contenants sont déjà acceptés dans le bac de récupération et surtout, bien recyclés. Les recycleurs et les débouchés sont nombreux. Ces contenants sont valorisés sans problème. De plus, il s’agit de contenants à remplissage unique (CRU) qui ne seront PAS remplis à nouveau dans leur forme initiale. Afin d’être recyclés, ils devront être transformés. Et ce, qu’ils soient consignés ou non.
Alors c’est quoi le but? La consigne ne va que sortir des contenants du bac. Voulez-vous me dire c’est quoi le problème que ces contenants soient dans le bac? Le gouvernement essaie de régler un faux problème. Il s’acharne à implanter une méthode de collecte parallèle, pour des contenants qui n’en ont pas besoin, plutôt que de mettre l’énergie (et les fonds!) sur la création de débouchés pour les matières qui n’en ont pas et sur l’écoconception des contenants qui ne sont actuellement pas recyclables. On ne le répétera jamais assez : l’enjeu n’est pas de ramasser la matière, mais bien ce qu’elle va devenir.
Il ne faut pas minimiser non plus l’effet douche froide que cela aura sur les citoyens. Chez Tricentris, on travaille énormément en sensibilisation et on est en contact avec les gens. Allez lire les commentaires de nos abonnés Facebook : vous constaterez à quel point plusieurs sont déjà découragés et trouvent le système actuel trop compliqué. Le bac de récupération, la poubelle, le compost, l’écocentre et j’en passe, c’est déjà assez mélangeant comme ça. Et là, on veut en rajouter une couche? Encore une fois, c’est le citoyen qui devra se résigner à perdre son argent mis en consigne s’il décide de continuer de mettre ces items au bac de récupération, ou se faire suer à les accumuler et tous les rapporter, on ne sait pas encore où.
C’est utopique de penser qu’avec la consigne, plus de contenants seront récupérés. Ce n’est pas parce qu’on met une valeur de retour sur un contenant que certains vont changer leurs habitudes. On le voit déjà ; des canettes consignées, il y en a dans les poubelles et dans la nature. Autrement dit, quelqu’un qui s’en fout, s’en fout. Et combien de gens qui posent déjà les bons gestes on va décourager et risquer de perdre pour tenter d’aller chercher quelques récalcitrants? Moi, ce n’est pas un pari sur lequel je miserais.
Publié le 21 février 2023
Article tiré du Tricentris Express de février 2023. Cliquez ici pour consulter le bulletin complet.
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Étiquettes : édito
Comme un sentiment de déjà vu
Par Myriam Forget-Charland
Lors de mon dernier édito, j’ai mentionné qu’un texte n’était pas suffisant pour couvrir les deux projets vedettes du programme de modernisation de la collecte sélective. Parlons aujourd’hui de cette deuxième portion : la consigne. Le mot « encore » résonne en boucle dans ma tête. Je fais partie de la famille Tricentris depuis bientôt 12 ans et le débat entourant la consigne revient de façon intermittente depuis aussi longtemps que je me souvienne.
Dans la plus récente mouture du projet, le gouvernement projette d’élargir le système de consigne afin d’y intégrer une plus grande variété de contenants et de bouteilles. Plus précisément, tous les contenants de boissons prêtes à boire de 100 ml à 2 l. Cela veut donc dire que mon carton de lait, ma bouteille d’eau ou de vin ou encore, mon yogourt à boire seront consignés et seront chacun taxés de 0,10$ (ou plus) supplémentaires au bas de la facture.
Mais pourquoi? J’aimerais utiliser ici tous les adjectifs colorés du capitaine Haddock… Tous ces contenants sont déjà acceptés dans le bac de récupération et surtout, bien recyclés. Les recycleurs et les débouchés sont nombreux. Ces contenants sont valorisés sans problème. De plus, il s’agit de contenants à remplissage unique (CRU) qui ne seront PAS remplis à nouveau dans leur forme initiale. Afin d’être recyclés, ils devront être transformés. Et ce, qu’ils soient consignés ou non.
Alors c’est quoi le but? La consigne ne va que sortir des contenants du bac. Voulez-vous me dire c’est quoi le problème que ces contenants soient dans le bac? Le gouvernement essaie de régler un faux problème. Il s’acharne à implanter une méthode de collecte parallèle, pour des contenants qui n’en ont pas besoin, plutôt que de mettre l’énergie (et les fonds!) sur la création de débouchés pour les matières qui n’en ont pas et sur l’écoconception des contenants qui ne sont actuellement pas recyclables. On ne le répétera jamais assez : l’enjeu n’est pas de ramasser la matière, mais bien ce qu’elle va devenir.
Il ne faut pas minimiser non plus l’effet douche froide que cela aura sur les citoyens. Chez Tricentris, on travaille énormément en sensibilisation et on est en contact avec les gens. Allez lire les commentaires de nos abonnés Facebook : vous constaterez à quel point plusieurs sont déjà découragés et trouvent le système actuel trop compliqué. Le bac de récupération, la poubelle, le compost, l’écocentre et j’en passe, c’est déjà assez mélangeant comme ça. Et là, on veut en rajouter une couche? Encore une fois, c’est le citoyen qui devra se résigner à perdre son argent mis en consigne s’il décide de continuer de mettre ces items au bac de récupération, ou se faire suer à les accumuler et tous les rapporter, on ne sait pas encore où.
C’est utopique de penser qu’avec la consigne, plus de contenants seront récupérés. Ce n’est pas parce qu’on met une valeur de retour sur un contenant que certains vont changer leurs habitudes. On le voit déjà ; des canettes consignées, il y en a dans les poubelles et dans la nature. Autrement dit, quelqu’un qui s’en fout, s’en fout. Et combien de gens qui posent déjà les bons gestes on va décourager et risquer de perdre pour tenter d’aller chercher quelques récalcitrants? Moi, ce n’est pas un pari sur lequel je miserais.
Publié le 21 février 2023
Article tiré du Tricentris Express de février 2023. Cliquez ici pour consulter le bulletin complet.