« Passe-moé à puck pis j’vas en compter des buts » – Les Colocs

Par Myriam Forget-Charland
Spécialiste aux communications
Quand je donne des ateliers ou des formations sur la récupération, je prends toujours un moment pour parler de la chaîne de valorisation. Pourquoi? Parce que sans elle, le bac bleu ne sert à rien.
La récupération n’est pas une discipline individuelle, c’est un sport d’équipe. On parle de quatre joueurs minimum, qui occupent des positions essentielles. En premier, on a le citoyen. Il est responsable de bien utiliser les différentes filières de récupération et de disposer de ses items de la bonne façon. Et ce principe s’applique aussi à l’écocentre, aux ressourceries, aux friperies, etc. Mais dans ce cas-ci, il s’agit de bien mettre ses contenants, ses emballages et ses imprimés au bac de récupération.
Deuxièmement, c’est au tour du centre de tri de jouer. Comme son nom l’indique, il s’occupe de trier le tout et d’en faire des ballots de différentes matières bien distinctes. Entrent ensuite en jeu les recycleurs. Ces derniers achètent les ballots de matières triées des centres de tri pour les transformer et les mettre sous forme d’une matière secondaire ou recyclée. Finalement, les fabricants se procurent ces matières secondaires plutôt que d’opter pour une matière première vierge dans leurs productions diverses. Et on boucle la boucle en revenant au citoyen qui choisit et achète des produits faits de recyclé et qui les met dans le bac.
Alors, s’il manque un joueur, la chaîne de valorisation ne peut pas se compléter. Autrement dit, si le centre de tri n’a personne à qui passer la « puck », qu’aucun recycleur n’existe pour transformer une matière en particulier, ça s’arrête là. Au même titre que si un recycleur transforme une matière recyclée en matière secondaire mais qu’aucun fabricant n’en veut, impossible de « scorer ». C’est donc pour cette raison, entre autre, qu’on ne peut pas tout mettre dans le bac. Il doit y avoir un « après le bac » : que va devenir de cette matière?
Et cette notion sera plus importante que jamais avec la modernisation prochaine de la collecte sélective puisque, ultimement, de nouveaux items seront acceptés dans le bac de récupération et nous devrons les trier. Un des mandats d’ÉEQ, en tant qu’OGD pour la modernisation, sera justement de gérer toutes ces matières et de leur trouver un débouché, idéalement québécois. Il s’agit certainement d’un défi de taille mais qui incitera peut-être les producteurs de contenants, d’emballages et d’imprimés, ces mêmes qui financent à 100 % la collecte sélective, à accentuer l’écoconception de leurs produits afin qu’ils soient plus faciles (et surtout moins coûteux) à recycler.
Publié le 30 août 2023
Article tiré du Tricentris Express d’août 2023. Cliquez ici pour consulter le bulletin complet.